Caractérisation de la bactérie Francisella halioticida issue de la moule bleue Mytilus sp.
Depuis 2014, des mortalités massives de la moule marine Mytilus sp. sont observées en France. La bactérie
Francisella halioticida a été proposée comme responsable de ces mortalités, en raison de son effet létal sur les ormeaux et les pétoncles du Japon. Dans ce projet, nous avons isolé et caractérisé, phénotypiquement et génétiquement, cinq souches de F. halioticida provenant de moules. Ces résultats mettent en évidence que l’espèce F. halioticida peut être divisée en deux sous–espèces : l’une ne contenant que l’isolat FR21, issu de cette étude, et l’autre regroupant tous les autres isolats, qui ne sont pas des clones entre eux. Les analyses génétiques ont également prédit in silico des gènes de virulence présents dans cette espèce, mettant en avant l’absence d’un ilot de pathogénicité chez l’isolat le moins virulent, FR22b.
Les deux isolats les plus virulents FR22c et FR22d, se sont révélés pathogènes des juvéniles et les adultes avec des doses létales à 50% inférieures à 104 UFC/individu. L’étude des cas de mortalités survenus en Normandie et en Bretagne durant la période du projet a montré une détection différente des souches chez les individus moribonds et apparemment sains. De plus, une détection ciblée de F. halioticida chez un individu fortement infecté a permis de mettre en avant les organes les plus touchées (les branchies, le tissu conjonctif autour de l’estomac et l’organe de Bojanus). Cette étude d’immunomarquage en complément d’une étude en microscopie électronique a mis en évidence le passage au niveau intracellulaire de cette bactérie, mécanisme caractéristique des espèces du genre.
Afin de comprendre le développement de la francisellose, la réponse immunitaire des moules a été étudiée en utilisant une souche à faible virulence, FR21, et une souche hautement virulente, FR22c. Dans cette première approche globale visant à étudier la réponse d’un protostomien à une espèce de Francisella pathogène, l’hémolymphe a été utilisée. L’utilisation de la transcriptomique et de la protéomique a permis de mieux appréhender la réponse des moules en identifiant certains facteurs potentiels capable d’influencer la résistance à la maladie. Une étude préliminaire d’identification in silico des peptides antimicrobiens a révélé une grande diversité de peptides appartenant à plusieurs familles ou sous familles de peptides antimicrobiens. L’analyse de l’expression différentielle dans les hémocytes et les branchies de trois familles, les myticines, les myticusines et les mytimacines ont mis en avant une baisse de l’expression des myticines lors d’une infection. Cette étude a également permis de détecter et d’identifier les premières myticusines en dehors de l’espèce M. coruscus.
Jury de thèse :
Mr. Franck Vandenbulcke (Professeur des Universités, Université de Lille) : Rapporteur
Mme. Marie-Agnès Travers (Chargée de recherche HDR, Ifremer) : Rapportrice
Mme. Delphine Destoumieux-Garzon (Directrice de recherche, CNRS) : Examinatrice
Mme. Melissa Palos-Ladeiro (Maitre de conférences HDR, Université de Reims Champagne-Ardenne) : Examinatrice
Mr. Joël Henry (Professeur des Universités, Université de Caen Normandie) : Examinateur
Mr. Erwan Corre (Ingénieur de Recherche, Station Biologie de Roscoff -CNRS) : Examinateur
Mme. Céline Zatylny-Gaudin (Professeure des Université, Université de Caen Normandie) : Directrice de thèse
Mme. Maryline Houssin (Chercheure HDR, LABÉO) : Co-Directrice de Thèse
Lieu :
Jeudi 06 Février 2025 à 9h30 – Amphithéatre Poincaré